26 novembre 2007

Parce que Paris peut être belle et offrir, parfois...

Un jour où frère, soeur et amie de soeur débarquaient,



Quelques gens ont proclamé place de l' hôtel de ville


"dans la rue, le temps
est à l'affût
fait du raffut"
Et effectivement:


Un char infernal a transpercé la foule, un groupe de démons s'est déchaîné, sous les yeux d'un ange solitaire qui se promenait paisiblement parmi les passants surpris, puis happés par l'étrange.











Quand le Diable s'en est allé et que l'ange s'était volatilisé discrètement,
une armée de p'tites dames toutes pareilles se sont chargées de dérouler un tapis rouge au public pour lui servir un breuvage orangé que je n'ai pas réussi à déterminer.



Après ça, tout un tas de personnages bizarres s'est répandu dans la foule,

(des êtres subversifs aux fenêtres)

et à cause de la boisson ou pas, chacun s'est laissé porter docilement dans une nuit de distorsion du temps et de détraction des habitudes parisiennes...







"Je suis la 12e fille de l'horloger, la 12e heure, la fille salle à manger. J'aime la ponctualité, je suis la fille aînée de l'horloger. Le temps est une chose sérieuse: l'heure c'est l'heure. "

"Je suis la 8e fille de l'horloger, la 8e heure, la fille choux. Ne faites pas attention à moi, je prends juste le temps en deux temps trois mouvements pas plus."


"Je suis la 7e fille de l'horloger, la 7e heure, la fille planche à repasser. Pour gagner du temps, je passe et repasse mon temps."








19 octobre 2007

N’importe où hors du monde



"Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre.



Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.



« Dis-moi mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? Il doit y faire chaud et tu t’y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l’eau ; on dit qu’elle est bâtie en marbre et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu’il arrache tous les arbres. Voilà un paysage fait selon ton goût, un paysage fait avec la lumière et le minéral et le liquide pour les réfléchir ! »



Mon âme ne répond pas.



« Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l’image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mats et les navires amarrés au pied des maisons. »



Mon âme reste muette.



« Batavia te sourirait peut-être davantage, nous y trouverions l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale. »



Pas un mot. – Mon âme serait-elle morte ?



« En es-tu donc venue à ce point d’engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal ? S’il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. – Je tiens notre affaire, pauvre âme ! nous ferons nos malles pour Bornéo. Allons plus loin encore, à l’extrême bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c’est possible ; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu’obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant... Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres cependant que, pour nous divertir les aurores boréales nous enverrons de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d’un feu d’artifice de l’enfer ! »



Enfin, mon âme fait explosion et sagement elle me crie : « N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! »"







Charles BAUDELAIRE, Le spleen de Paris.

lu ici, crypte théatreuse sous l'église de la Madeleine: