20 mars 2007

le coq me débecte


Oui on change de ton.

Ce coup-ci pas d'images de fin de jour romantique ou de flocons gracieux ni de récit pseudo humoristique, mais un dégout viscéral envers ma race, celle du coq tricolore.

J'ai un specimen de taille à vous présenter. ha oui celui là il arbore fièrement toutes les couleurs, il pavoise, il jacasse, il bombe le torse et il trimballe outrageusement sa crète molle et cramoisie. Il traîne ses pattes visqueuses jusqu'à mon cours de journalisme. Et il crie plus fort que les autres, il fait le beau devant toutes les poulettes présentes, sans voir qu'il n'est pas le seul coq de la basse cour d'ailleurs.

Je veux cracher mon venin contre cette honte. Parce que moi aussi quand je parle on remarque les rayures bleu blanc rouge sur mon plumage. Et je gerbe à l'idée qu'on puisse nous assimiler nous autres français à ce gros tas de suffisance qui n'a pas de quoi se payer une liposucion.

Cet être s'impose à nos sens non seulement par sa posture et son odieux sourire, mais aussi par sa voix, son aura de malaise qu'il dégage. Une vague de chair de poule se répand dans l'auditoire (sans suivi du champ lexical ni mauvais jeu de mot) quand il entreprend un demi tour sur son vaste séant rouillé pour se tourner vers le reste de la salle du haut de son deuxième rang. Il pense dominer l'assemblée, il néglige le prof et clame son savoir dans d'interminables périphrases pompeuses et baveuses. On entend la salive à chaque syllabe. On peine pour ces yeux qui tentent de s'adresser aux étudiants en grinçant dans leur orbite obscurci par une arcade lourde et ridée. Ils n'ont jamais du regarder autre chose que leur propriétaire. Cette voix sort de tripes bien rasasiées par des années d'exercice du métier d'avocat -on le saura!-, il transpire la carrière.
Que fait-il ici dans ce cas? Que vient-il apprendre dans un cours d'analyse de l'actualité lui avocat proche de la retraite, s'il ne s'agit que de couper la parole pour imposer un silence moite de la salle en déblatérant des "personnellement", "en tant qu' homme de loi", "je peux vous répondre là dessus", "je pense que si l'on avait une société parfaite", "je vais procéder en trois points" [hein vous québécois que ne connaissez pas la méthodologie], ses points en question sont espacés de bien 5 minutes chacun durant lesquels la salle s'impatiente, les bruits de papier s'intensifient mais monsieur coq enraillé continue, les mains jointes par le bout des doigts, l'auditoire rêve, du moins je l'espère, il est parti loin, non il n'est pas en train d'observer le représentant tricolore non par pitié...
A la fin, ma voisine québécoise remarque qu'il aurait pu dire la même chose en trente secondes. Nous venions de l'endurer un quart d'heure.

Le pire, c'est qu'il a amené sa copie femelle. Elle entame son monologue par un éclairé "comme on dit en langage de presse". Son bec est incarné dans ses mains. Elles sont pliées en forme de bec, et l'une vient becter dans l'autre quand elle s'exprime. Je soupçonne sa mentalité d'avoir gravé dans sa chair la marque de sa prétention: son côté gauche ne peut décrocher un rictus tordu qui lui dessine trois grosses rides sur la joue. Le plus impressionnant du tableau sont ses yeux. En tout temps fièrement exhorbités, une pupille étrangement sombre et dilatée, des arcades sourcilières fortes, tombantes. Comme si son cerveau était stimulé en permanance par une idée étonnament pertinente qui viendrait de jaillir.
Ses lunettes de soleil posées sur ses cheveux-infiniment-fins-blond-platine-au-carré en cet hiver canadien trônent au dessus d'un visage à la peau extra tirée, au front pourtant cisaillé de plusieurs plis et aux lèvres pincées.
Ajoutons-y un index qui vient accompagner le rictus et un pouce qui soulève encore un peu le menton.

Voilà les deux frrrançais qui s'expriment.

Pitié.

[veuillez m'excuser si je vous choque d'une quelconque façon. mais je suis écoeurée, alors ça donne ce que ça donne. m'accordez-vous des circonstances atténuantes si je vous dis que c'est Amélie Nothomb et son "Hygiène de l'assassin" qui m'a inspirée?]



(groupe de death metal que j'ai eu l'occasion de subir dans une cave puante
du 2e arrt de cette chère Paris, ville lumière)

7 commentaires:

Poutine Girl a dit…

les kystes...

pied de nez a dit…

O.o

t'es probablement la personne la moins patriotique de la terre!

en fait, t'avais probablement le pire préjuger amubulant de la planète devant toi...

mais il arrive en effet que le pédantisme et l'arrogance soit forte chez certains de tes compatriotes (et bientot les miens mouahahaha)

ah oui, et pour Simone de Beauvoir, elle me fait juste vomir par sa constante appréhension de l'être inférieur, son infini statut bourgeois qui pèse lourd et ses infinies lectures du "ah j'ai lu musset à 6 ans et blablabla!"

mais merde son livre se lit quand même comme de l'eau, et je me limite hardiement pour ne pas le terminer trop vite...

et zut

Aurore a dit…

eclaircissons un peu les choses, je pense qu'elles en ont besoin vues les remarques que j'ai reçues. (Alexandre , français resté au vieux pays, m'a rédigé une dissertation en défense des français de peur que je renie à tout jamais ma patrie).
Mais point du tout! non non ce post n'était pas là pour exposer une haine envers mes compatriotes, au contraire, je voulais par là accuser les rares qui incarnent effectivement, comme tu le dis C.A., les pires préjugés. C'est à cause de ces gens que ceux-ci sont renforcés et que le sale caractère français reste une légende.
Je le disais dans mon post, je les accuse parce que je crains qu'on nous assimile, nous tous francais, à cette arrogance.
voilà.
C.A., qu'es tu en train de lire de Simone de Beauvoir?

Unknown a dit…

Hé mon mail de protestation n'aura pas été un coup d'épée dans l'eau! Aurore procède dans son commentaire à une minutieuse réhabilitation de son discours, et ça, c'est bien.
En fait de prétentions, on peut (c'est vrai) dire que les français sont des êtres plutôt bien lottis... Je t'accorde ce point là aurore.
Mais loin de moi l'idée d'argumenter contre ton plaidoyer antipatriotique, je suis heureux de boire du bon vin (comme ce chateau Latour-blanche 76...), mais mon chauvinisme s'arrête là.

Anonyme a dit…

En tant que Français et parisienne en plus (donc boubles préjugés envers ma personne) je n'ai pas du tout pris ce post comme une attaque envers les français mais envers deux français qui se la jouaient "moi, bourgeois(e) cultivé(e), je vous offre ma sainte parole...". Je comprends tout à fait que tu es ressentie de la honte d'être "représenté" par ce genre de personnes qui confirment les préjugés envers les français.

N'empêche que ta descrisption m'a bien fait rire !

Aurore a dit…

ouf... merci vanessa, je ne suis pas si incomprise que ca alors.

alexandre, excuse moi mais jinsiste, il ny a pas de rehabilitation veritable, je suis daccord avec moi meme depuis le debut, je me voulais tout de meme un tentinet patriotique. menfin treve de justifications.

japprecierai toujours un chateau latour blanche, mais grand dieu, une poutine bien garnie avec, ce sera toujours un delice!

Anonyme a dit…

Ce texte est une merveille.