10 janvier 2008

"travailler moins pour gagner moins et vivre mieux" (courrier international), ou sécher la journée de boulot pour se sentir mieux

haaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
non ceci n'est pas de la flemme.

se lever un peu tôt, prendre trois tasses de café, s'informer sur libé.fr, dévier inévitablement sur le blog des 400 culs puisque ce doit être important puisqu'il est TOUJOURS en lien sur la page d'accueil, et commencer de s'habiller à l'heure où je devrais être partie, entrer dans une rame de métro à l'heure où je devrais être sur mon lieu de travail, lire paisiblement pendant que toute la foule du wagon gueule des "connasse d'RATP, je vais encore être en retard! que je parte en avance à l'heure ou en retard j'arriverai jamais à l'heure!!" (le chauffeur pique un roupillon ), pour finalement bloquer à la dernière correspondance et me dire que oui, ce serait plus agréable d'aller vagabonder dans les librairies plutôt que de travailler toute la journée, et hop demi tour. non tout ceci n'a rien de la flemme, mais juste d'un grand désir de liberté absolue.

pendant la matinée, trois appels de ma responsable. c'est pas que je suis irresponsable, c'est que j'aimerais bien être tranquille. vers midi je me décide à écouter mon répondeur. hou elle est pas contente. j'assiste à tout son questionnement, "mais tu devais bien venir aujourd'hui? le deal de cette semaine c'était lundi-jeudi-vendredi! tu vas revenir? et demain tu reviendras?" (demain étant le dernier jour du contrat). vers 14h j'appelle et prends soin d'accentuer ma voix enrouée, de bégayer un peu, limite de gémir. "je viens de me réveiller, c'est horrible, je suis tellement désolée", etc etc. et là pas contente du tout, elle se charge de me rappeler les règles du Travail, et m'annonce que si elle était pas si gentille, je me taperais un avertissement. "-ouin ouin, bonne journée quand même -bonne journée".

ok. secondes désagréables passées. revenons à MA journée.

ça fait du bien.

vive la décroissance, vive le temps de vivre.

non parce que ça devient un peu aliénant de travailler plus pour gagner son pain quotidien.

c'est pas une vie ça. ça va deux minutes de se dire, nouveau job nouvelles découvertes, j'apprends tout plein de choses, ha tiens comment ça bosse dans l'administration, ha ouais, et dans la restauration, ok, et dans l'animation, hum, et dans la rue, hooo. y a un temps où bon, ce serait bien d'errer tranquillement.

ho comme je suis une enfant pourrie gâtée. qu'elle veut rien faire. hou! je dirais même bouh!

nan mais je veux bien avoir un peu de volonté.

mais dans l'administration ils sont fous (cf bureau 19...), dans la restauration rapide ils veulent qu'on soit dévoués corps et âme pour la cause mal bouffe (j'ai été virée de Mc Do pour faible motivation et cadeaux injustifiés à la clientèle), dans l'animation, c'est sympa mais le soucis c'est qu'on ne gagne strictement rien, et enfin dans ce tout dernier job de rue, il s'agit d'avoir la fibre commerciale, et, comment dirais-je, je dois pas avoir le truc.

laissez moi vous expliquer.

à l'origine on nous engage pour notre sensibilité envers les causes humanitaires.

grandes causes houhou!!!! sauvons le monde ouais!!! tous ensembles dans la rue ouais!!!

le job: engagés par une société sous traitée par les ONG humanitaires, on part en équipe dans la rue à des points stratégiques pour aborder 100% des passants et "recruter" de futurs donateurs.

toute naïve j'ai cru aux arguments donnés lors de la formation: "vous agirez pour le Bon", "vous ne serez pas des commerciaux, vous n'aurez à convaincre personne mais à permettre à ceux qui le souhaitent mais n'ont jamais pris le temps de le faire, de donner et soutenir les actions d'handicap international." "vous rencontrerez des personnes formidables et vous vous enrichirez humainement" etc etc

j'ai pris le message à la lettre et j'en ai appris beaucoup "en rue".

j'ai découvert tout un tas de personnalités des plus pourries aux plus lumineuses.

"le monde sait où il va, pas la peine de changer quoi que ce soit"

"je suis pour l'implosion de l'univers"

"l'humanité va s' autodétruire et c'est très bien comme ça"

"les handicapés ça sert à rien"

"les mines antipersonnel c'est une arme de génie!

-heu tu sais que ça touche à 85% des civils?

-déjà on dit pas civils on dit dommages collatéraux. et ensuite, il faut drainer la population mondiale, et ils sont trop nombreux au Tiers Monde, quelques morts ça rafraîchit.

-sauf que dans la plupart des cas ça ne tue pas ça estropie. ça ruine des vies et handicape leur entourage.

-(jubilation) bah oui c'est ça qu'est génial! un mort quand c'est mort ça gène plus, un handicapé ça bloque au moins deux personnes. hey! j'm'y connais moi en armement.

-top cool. ... bonne journée! (smile obligatoire)"

mais à part ça je croise des gens qui ont eux même déminé, vu des enfants détruits, des horreurs, et qui me disent que c'est bien ce que je fais, mais que si je veux aller sur le terrain, que j'y réfléchisse bien, car ça en fout un coup. que j'ai un beau sourire, que ça c'est précieux, alors que je prenne soin de moi et de ma jeunesse.

ou carrément hors sujet: un homme qui sort de prison et qui décèle en moi une "aura artistique", "vous êtes divine, vous resplendissez, comme j'aurais aimé vous rencontrer sans votre costume de travail"..............

un autre qui me trouve un peu speed et me propose de me transmettre sa lumière. rdv pris pour une séance où il va mettre sa main a quelques centimètres de la mienne et me procurer du bien-etre. c'est sa façon d'aider l'humanité. il ne manque pas de me demander d'amener le jour J une paire de chaussettes propres, car on se déchausse dans la salle, pour les ondes. heu... ok.

un individu qui me propose d'être camerawoman de son projet humanitaire en Amérique Latine...

etc etc

le soucis est que toutes ces rencontres ne sont pas l'objet de mon job. ma responsable a longuement cherché à décrypter mes faiblesses pour comprendre mon mauvais "taux". car nous avons des objectifs, un rendement, une productivité à respecter. il faut récolter au minimum un donateur par heure, ceci consiste à lui faire signer un contrat qui fait de lui un donateur régulier, quelqu'un qui donnera tous les mois quelques sous et ce ad vitam eternam dans l'idéal.

Or j'ai tendance a m'estimer comblée quand quelqu'un a compris tout ce que je lui racontais sans pour autant avoir les moyens de donner.

couac! mauvais boulot. doivent signer.

la responsable a compris que je causais un peu trop et m'a imposé d'avoir mon portable dans la main et de regarder l'heure quand j'engage la conversation avec quelqu'un et de ne jamais dépasser 6 minutes d'entretien.
et le travail de pub pour idées ne se fait pas seulement auprès des passants mais aussi entre nous. coaching assidu. chaque matin on se retrouve une demie heure avant pour officiellement un "brief". il est de rigueur que chacun son tour, on amène une motivation envers le magnifique boulot qu'on fait là, comme on l'aime et comme c'est le meilleur des boulots.

bref.

pi ce mode de "recrutement" prend une ampleur démesurée, maintenant la plupart des places parisiennes sont envahies par des récolteurs de sous pour différentes associations. les gens en ont ras le bol. et surtout, ça nécessite une masse de gens comme moi. et une masse de passionnés ça existe pas forcément en mode disponible 35h/semaine pour faire chier les gens.

donc ça prend une tournure purement street marketing.

et je me sens mal quand les gens que j'arrête croient voir en moi une bénévole acharnée, pleine de grandes et belles idées, et me quittent avec mille et une courbettes "bravo mademoiselle, c'est merveilleux ce que vous faites là, heureusement qu'il y a des gens comme vous"etc "-Merci mais là si vous continuez on va dépasser les 6 minutes réglementaires, aurevoir."

bah j'en ai la nausée.

parce que c'est juste un job bien payé, et qu'il vont bien se rendre compte que la boite qui nous emploie fait des bénéfices de malade, que c'est monsieur tout le monde qui les aborde, qui comme eux fait son taf pour bouffer.

désillusion.

alors journée libre.

tant pis pour le taux.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

je tiens à dire que c'est un tietre post et sans transition une peite chanson :
Le musée des horreurs
Des peurs
Gît au coeur de mon coeur
Malheur

Sous la gaze dorée
De fèe
La bataille fait rage
Carnage

Le musée des horreurs
Est un palais maudit
Où s'accouplent la fleur
Carnivore et la truie

Des glaciers cramoisis
Fumants
Glissent au fond des puits
Géants

Les vampires puants
Bandant
Offrent leur vies sanglant
Au vent

Le musée des horreurs
Est un palais maudit
Où s'accouplent la fleur
Carnivore et la truie

Des cercueils déterrés
Béants
Ont les parois griffées
Dedans

De grosses cendrillons
Joufflues
Eventrent des bouffons
Bossus

Le musée des horreurs
Est un palais maudit
Où s'accouplent la fleur
Carnivore et la truie

Des roquets décharnés
Bavants
Ecorchent des bébés
Vivants

Des démons ravissants
Sans bruit
Enculent des mourants

Je crie

Anonyme a dit…

tietre = magnificosmmusme en langage sterennien

Poutine Girl a dit…

je me souviens encore des premiers jours de travail, de ton enthousiasme naïf... des "mais non, c'est pas du commerce."
rahlala

Anonyme a dit…

je lutte mais y a rien à faire. Je ne peux m'empêcher de passer par la case espoir naïf, crédulité niaise, inlassablement, même après m'être jurée de ne plus m'y laisser prendre.

Anonyme a dit…

Oauh, trop bien tes journées ! Tu me fais trop rire ... Tu leur offrais quoi aux clients de mcdo par curiosité ? Tu saisqu'il y'a plein de gens qui font le même boulot que toi vers ma fac ? (étonnant, non ?).

Anonyme a dit…

LE TRAVAIL DE NE PAS TRAVAILLER

Ne pas travailler pour rien gagner,
L’ustensile de l’arme quotidienne
De ne vouloir que respirer une fois
Celle qui m’a apparue – la mienne ;
Le zèle de tout nettement préparé
Pour ne pas abuser le gratin en moi,
L’intelligence de rien connaitre
Sur aucune tâche si peut honnête
Même hors la liturgie de rien servir
Et tout faire pour ne rien faire aujourd’hui.
Vivre… Subsister… Libre… Moitié-affranchi…
Mais pas adjoint de l’immense
Charité de l’argent saboté
Ou de l’otage de l’Être quel labeur !!

Pedro

Aurore a dit…

:-)

Pedro! je suis prête pour tourner! même si beaucoup de choses encore à "penser", il faut commencer.

Ilan > j'offrais des sauces, j'acceptais de faire des mix entre les glaces, rajouter du chocolat par ci par là, donner les derniers cheeseburgers avant la fermeture au lieu de jeter, etc